Mémoires de Sang, chapitre 1.2.b : Rencontre avec Annette Birkin [fanfiction Resident Evil & Dead by Daylight]

Bonjour à toutes et tous,

Le mois de novembre est de retour et avec lui, le désormais traditionnel NaNoWriMo ! Je profite de l’événement pour booster la rédaction de la fiche de Leon avant de me remettre à la réécriture des Ombres de Rome et du Procès Malefoy. Non, je ne les ai pas oubliés même si ces projets ont pris un retard indécent en raison de mon activité de streamer sur Twitch et YouTube. Je les terminerai, c’est promis !

Pour l’heure cependant, retrouvons Leon et Ada dans les égouts de Raccoon City où Umbrella, l’entreprise responsable du chaos en ville, aurait installé son laboratoire.

Bon voyage dans les entrailles de la ville martyre !

Vous prenez la série en cours de route ? Pas de panique. Retrouvez ici :
l’introduction : fiche d’identité de Leon Kennedy ;
– le chapitre 1.1.a : Bienvenue à Raccoon City ;
– le chapitre 1.1b : Un fumet d’Apocalypse ;
– le chapitre 1.2a : Un reste d’humanité.

« Tu connais Umbrella, n’est-ce pas ? » Lança Ada. « Cette société pharmaceutique développe secrètement des armes biologiques. Ils ont un virus. Il transforme les gens en monstres indestructibles.

– Ça explique toutes les horreurs que j’ai vues », commenta sobrement Leon qui avait décidé de ne plus s’étonner de rien de ce qu’il découvrirait à Raccoon-City.

« Voilà pourquoi je cherche Annette Birkin. On sait que c’est elle à Umbrella qui a répandu le virus et je compte bien l’arrêter. »

Ada les conduisit tout droit devant l’évacuation d’un égout assez large pour permettre à deux personnes d’y marcher de front. L’agent du FBI annonça qu’il faudrait passer par là pour trouver leur cible. Leon s’y engouffra sans une hésitation.

« J’arrive pas à croire qu’une scientifique se terre ici », dit-il tout de même tandis qu’Ada lui emboîtait le pas dans le conduit.

Il y faisait très sombre, mais l’obscurité n’était pas opaque comme il y s’attendait grâce aux néons disposés tout le long de l’une des deux parois. Que fallait-il penser de cet éclairage étonnant des égouts alors que tout le reste du réseau électrique de Raccoon City semblait hors service ? Dans un tel moment, il existait des infrastructures plus importantes à alimenter en électricité qu’un réseau souterrain. Umbrella avait peut-être simplement été précautionneuse en prévoyant un générateur de secours pour ses installations. Toutefois, Leon se demandait si la société pharmaceutique n’était pas aussi responsable de la coupure électrique générale en ville.

Le chaos tirait toujours profit de l’obscurité…

« D’après le QG, ça mène droit aux installations secrètes d’Umbrella », affirma Ada qui interprétait certainement son mutisme comme un doute quant au chemin qu’ils empruntaient.

« À ce que je sache, les égouts sont gérés par la ville, dit Leon, faisant part de ses interrogations à voix haute. Umbrella a des installations sans que les autorités soient au courant ?

– Bienvenue dans l’Amérique des affaires, rétorqua Ada d’un ton cynique. Umbrella contrôle Raccoon City depuis des années. »

Un coup formidable ébranla la galerie dans laquelle ils avançaient. Des morceaux de béton se détachèrent du plafond et roulèrent jusqu’aux pieds du policier qui s’était stoppé net.

« C’est un tremblement de terre ? » s’inquiéta Leon.

« J’aimerais tellement que ça soit ça… »

Un autre coup secoua les murs et le sol. Cette fois, Leon aperçut quelque chose à l’extrémité de l’un des conduits.

Une forme massive rampait derrière une grille en fer. Ses mouvements secouaient la structure d’une façon menaçante. Sa silhouette évoquait une créature reptilienne particulièrement grande. L’idée qui traversa Leon lui colla une chair de poule qui le secoua d’un long frisson.

La question à un million de dollars : sont-ils technologiquement et scientifiquement capables de nous produire un remake de Jurassic Park, les cons qui bossent à Umbrella ?

Il était cependant trop incrédule et effrayé pour être capable de la poser à voix haute.

« C’est quoi ça ? » furent les seuls mots qu’il fut capable de prononcer sur le coup.

Ada le mit en garde : « Fais attention. On ne sait pas à quoi on a affaire. »

La créature passa sans les voir et en une minute à peine, le calme revint dans les installations souterraines.

Le cœur battant, Leon se tourna vers Ada et s’aperçut qu’elle le jaugeait.

« Il est encore temps de faire demi-tour, Leon. »

Il reprit sa progression dans la canalisation en souriant pour lui-même.

« Sûrement pas. Faudra me supporter jusqu’au bout. »

Qu’importe ce qui se tapissait dans ces égouts. Leon était sincère quand il avait affirmé à Ada qu’il était prêt à tout pour sauver Raccoon-City. Même si cela impliquait de défier le loup garou de Londres et toutes les créatures préhistoriques issues des expériences de génie génétique de John Hammond.

Il était alors loin de se douter que les gens qu’ils pourchassaient avaient créé bien pire que tous les monstres de cinéma auxquels il pensait.

Heureusement, il manquait seulement d’expérience, pas de courage. La mort ne l’effrayait pas encore.

Il en irait autrement dans quelques années, lorsque la disparition de ses parents l’obligerait à les suppléer auprès de sa jeune sœur. Lorsqu’il aurait à charge la responsabilité d’une autre vie que la sienne.

Mais pour l’heure, seuls la flamme de sa vocation et son sens du devoir le portaient.

Lorsque le tunnel s’interrompit brusquement, débouchant sur un espace envahi par l’eau croupie, ce fut donc sans hésitation que Leon sauta dans le liquide nauséabond.

« T’es sûre que c’est par là ? » lança-t-il à Ada, restée sur la plateforme en hauteur, sans pouvoir contenir une grimace de dégoût.

Il dominait sa répulsion, mais l’odeur d’œufs pourris et les déchets disparates qui flottaient tout autour de lui n’avaient rien d’alléchant.

« Malheureusement… »

D’un geste, Leon demanda à la jeune femme de faire silence.

Un nouveau coup venait d’ébranler les galeries alentours.

Leon fixa avec anxiété l’eau dans laquelle il pataugeait jusqu’aux genoux. Sa surface s’était mise à vibrer.

La pensée de la chose gigantesque aperçue quelques minutes plus tôt accéléra ses pulsations cardiaques.

Comme s’il venait de l’invoquer, l’énorme mâchoire creva le liquide fétide dans un rugissement retentissant.

Le cœur de Leon fit un bond hors de sa poitrine tandis qu’une vague s’abattait sur lui, manquant de lui faire perdre l’équilibre dans le bouillon infâme.

Il lutta pour garder pied, ses yeux écarquillés rivés sur l’apparition cauchemardesque.

Un alligator colossal émergeait d’un tunnel inondé. Son énorme gueule bardée de plusieurs rangées de crocs irréguliers, tous aussi imposants que des kandjars, occupait quasiment toute la largeur de la galerie.

À en juger seulement d’après la taille de son crâne, Leon estima que le reptile devait mesurer près de 10 mètres et peser entre 6 et 8 tonnes.

Ce n’est pas sa vie que le jeune flic vit défiler devant ses yeux sidérés lorsque l’alligator ouvrit ses mâchoires en grand, exhibant le fond jaunâtre de son gosier en même temps que ses crocs meurtriers.

Il n’eut pas de flash-back de son enfance. Pas de pensée pour son père, sa mère ou sa sœur.

Il se vit mort. Seulement mort. Le corps désarticulé, empalé sur les poignards qui hérissaient la gueule du monstre.

La voix d’Ada tomba depuis la plateforme surélevée sur laquelle elle était restée :

« LEON ! NE RESTE PAS LÀ ! »

Conseil superflu, car elle n’avait pas encore terminé sa phrase que Leon détalait déjà dans le sens opposé au monstre.

Il sprintait aussi vite que la résistance de l’eau l’y autorisait, slalomant entre les îlots de cartons, de bouteilles et de sacs en plastique qui stagnaient dans cette mer puante. La masse de l’animal représentait un inconvénient considérable dans cet environnement exigu pour lui comme pour sa proie. La course de ce corps gigantesque faisait trembler le sol et les murs, et Leon devait lutter en permanence pour ne pas perdre l’équilibre pendant la sienne. Il était plus agile que l’alligator, mais la taille de celui-ci lui permettait de le rattraper rapidement. Chaque fois que les mâchoires géantes clapaient dans le vide à quelque centimètres de son dos, de son bras ou de sa tête, le cœur de Leon s’affolait un peu plus. Le sang que ses trépidations frénétiques propulsaient dans ses veines battait dans ses oreilles comme un cri de désespoir et de résistance.

Son esprit n’avait plus d’autres pensées, son corps d’autres préoccupations, que de le pousser en avant dans son mouvement de fuite. Ses poumons, ses côtes et les fibres musculaires de ses cuisses le tiraient tandis que son souffle y arrachait l’énergie de le projeter loin du danger.

Mais tout sportif qu’il était, la conscience qu’il ne pourrait pas distancer la bête ni éviter éternellement ses attaques couvrait sa raison du voile noir d’un accablement fataliste.

Le salut survint lorsqu’une grosse canalisation de gaz se profila au milieu du tunnel qu’elle traversait de part en part.

Leon mobilisa toutes ses ressources physiques pour repousser ses limites et accélérer encore son allure.

Il se jeta en avant, sous le gros tuyau en acier une seconde avant que la gueule de l’alligator ne se referme dessus.

Leon se retourna juste à temps pour voir les crocs de l’animal transpercer la conduite comme si elle était aussi souple que du caoutchouc.

Un chuintement menaçant s’éleva dans l’air.

Une grosse étiquette jaune collée sur la canalisation avertissait : WARNING : flammable gas.

L’occasion ne se présenterait pas deux fois.

Leon sortit son flingue et tira, prenant soin de viser la partie du tuyau que l’alligator s’escrimait à arracher.

La canalisation explosa dans un bouquet de flammes crépitantes.

Le reptile surpris poussa une lamentation pleine d’une douleur coléreuse. Elle ne dura que l’espace de quelques secondes. La déflagration fit éclater son crâne.

Son corps s’écroula en provoquant un nouveau mini-séisme dans le tunnel, accompagné par des giclées d’eau sale.

Leon, qui s’était reculé pour se protéger du souffle de l’explosion, se rapprocha de l’immense dépouille décapitée.

« C’est bon, t’es calmé, espèce de saloperie ?! » lança-t-il avec rancune aux restes de l’alligator.

Leon les étudia un instant.

Finalement, les cons qui bossaient pour Umbrella étaient peut-être bien capables de produire leurs propres dinosaures. Leon n’était pas un expert en la matière, mais il se rappelait avoir déjà vu dans ses livres d’enfant des crocodiliens de la taille du spécimen qu’il avait sous les yeux.

À quoi jouaient-ils à Umbrella ? Quelqu’un aurait peut être bien fait de leur rappeler la morale de Jurassic Park.

La voix d’Ada tomba subitement du plafond.

« Leon, par ici ! »

Une échelle descendit devant lui. Il leva la tête vers sa collègue, perchée sur une autre plateforme qui le surplombait.

« Eh ! C’était quoi ça ? » demanda-t-il en désignant le monstre mort.

« Tais-toi et monte. »

Il obéit sans chercher à discuter puis lui emboîta le pas tandis qu’elle reprenait leur progression à travers le dédale souterrain.

Prit-elle son mutisme pour un état de choc latent ou un doute sur son désir de continuer ? Brisant le silence qui s’était installé entre eux depuis un moment, elle dit :

« Je t’avais pourtant prévenu. »

La réplique de Leon fusa :

« T’as dit que ce virus transformait les gens en monstres. Pas les reptiles. »

Elle opina. Froide et désinvolte.

« Oui, c’est vrai. D’ailleurs, je suis impressionnée que tu t’en sois sorti. »

Leon se garda de lui dire que sa survie l’étonnait autant qu’elle. Une chance que cette conduite de gaz se soit trouvée là et qu’elle ait été assez balèze pour résister à la pression monstrueuse exercée par la mâchoire de l’alligator.

Il avait toujours pensé que c’était le genre de coup de bol qui n’arrivait que dans les jeux vidéos. Un Deus ex machina qui n’avait aucune chance, ou une probabilité dérisoire, de se produire dans la vraie vie.

En même temps, quelle était la probabilité que je vive une apocalypse zombie ? Ça aussi, ce n’est pas censé arriver en dehors des jeux vidéos et du cinéma…

Il partagea tout haut les pensées qui le travaillaient alors qu’Ada les faisait rentrer dans un ascenseur dont elle avait obtenu le pass d’accès il ne savait comment.

« Je voudrais comprendre. Umbrella vend ce genre de monstres à qui exactement ? À notre armée ? À quelqu’un d’autre ?

– Ils ne vendent pas les monstres. Ils vendent les virus qui les créent. Et c’est Annette qui fabrique les virus. »

Dans la naïveté de ses vingt-et-un ans, Leon peinait à concevoir que des scientifiques puissent se rendre coupables de tels crimes contre l’humanité. Il se doutait bien sûr qu’une affaire d’argent couvait là-dessous. Mais il ne comprenait pas comment ses congénères pouvaient consentir aux pires horreurs pour de pauvres bouts de papier vert sans aucune autre valeur que celle que leur prêtait la société des Hommes.

Comment pouvait-on jeter volontairement sa morale aux égouts contre de simples dollars ? La noblesse de la condition humaine ne valait donc pas davantage aux yeux de ces individus ? Comment pouvaient-ils encore se regarder dans un miroir en sachant que leurs actions blessaient et endeuillaient des centaines – peut-être des milliers – d’âmes ? À quoi bon fourvoyer leur intelligence dans des projets délétères dont même un enfant pourrait prédire qu’ils finiraient forcément par mal tourner ? À quoi servait-il d’être riche s’il fallait entretenir cette fortune en souillant sa conscience, en causant du tort à d’autres êtres humains ?

Leon se sentait sincèrement dépassé par cette réalité, lui qui ne visait qu’à faire le Bien et à devenir une meilleure version de lui-même chaque jour.

Les années à venir lui inculqueront que le monde est bien plus subtil que la représentation qu’il s’en faisait alors. La rudesse de son métier lui fera découvrir toutes les nuances de gris qui composent l’âme humaine à travers ses voyages dans les gouffres nauséabonds du psychisme des pires criminels de son époque, dans les royaumes putrides des cœurs gangrenés par la haine, la cupidité, l’ambition ou la folie.

Mais la plus âpre leçon, celle qui enterrera le jeune Leon pour toujours, ce sera celle qu’il prendra lorsqu’un beau jour, il se rendra compte que les gens le craindront autant que les tueurs qu’il traque. Lorsqu’il comprendra que ses réactions seront redoutées par ses amis autant que par ses ennemis parce qu’il aura acquis la réputation d’être aussi dur et impitoyable que l’acier de ses balles. Lorsque les petites frappes le regarderont comme si la Mort en personne apparaissait devant elles. Avec dans les yeux la peur panique qu’il les descende sans autre forme de procès, qu’importe s’il ne sera légalement pas censé en avoir le droit, parce que Leon Kennedy ne sera pas renommé pour sa clémence.

Enfin, l’ultime leçon surviendra quand Leon, une fois passé le choc, le sentiment d’injustice d’être vu comme le méchant, découvrira qu’il aime ça. Que passer pour un homme implacable lui plaît. Parce que si c’est la rançon de la tranquillité… Le prix à payer pour qu’on y réfléchisse à deux fois avant de s’en prendre à lui ou aux gens qu’il aime… Alors soit.

Mais ce n’était pas ce Leon là qui tomba avec Ada sur la fameuse Annette Birkin en émergeant de l’ascenseur.

L’homme qu’il deviendra au cours des six prochaines années aurait collé une balle entre les deux yeux de la scientifique blonde qui se tenait face à eux, accroupie près du corps grisâtre d’un infecté. Et il ne l’aurait pas fait dans un unique but de justice, mais avant tout parce qu’il aurait appris qu’éliminer une cible à vue, sans s’encombrer de principes aussi stupides que la légitime défense et le procès équitable, vous épargnait des tas ennuis.

Mais le Leon qui accompagnait Ada ce jour-là se contenta de braquer le canon de son Wing Shooter sur la cible et de laisser sa compagne mener la danse.

« Nous sommes là pour le virus G », annonça Ada qui menaçait aussi Birkin de son arme.

L’interpellée releva vers eux ses yeux d’un bleu sarcelle dans un balancement de sa queue de cheval.

« Et puis quoi encore ? »

– Dernier avertissement. »

Mais Birkin n’eut pas l’air impressionné le moins du monde. Elle se piqua d’un « Ah oui ? » provocant, jeta une allumette enflammée sur le cadavre devant elle et prit la fuite.

Leon crut d’abord qu’Ada allait tirer dans ses genoux pour la ralentir. Au lieu de quoi, l’agent du FBI baissa son flingue pour se jeter à la suite de leur cible.

Leon s’élança à son tour, affolé à l’idée que Birkin puisse être armée. Elle lui avait paru un peu trop arrogante pour une personne totalement inoffensive. Il redoutait qu’elle décide soudain de faire volte-face pour leur envoyer une rafale de balles.

Comme s’il venait d’avoir une prémonition ou que concevoir cette pensée lui avait donné l’idée de le faire, Annette Birkin se retourna et ouvrit le feu.

Avant qu’Ada ne puisse réagir, Leon s’interposa entre les deux femmes. La balle de la scientifique le cueillit à l’épaule. Il vacilla, raidissant instinctivement tous ses muscles pour ralentir sa chute et atténuer l’impact de sa rencontre avec le sol.

Celle-ci survint trop rapidement à son goût, mais c’était un soulagement d’être à plat dos par terre. La tête lui tournait comme s’il venait d’embarquer à bord d’un carrousel lancé à pleine vitesse. Une main sur son épaule meurtrie, chaude du sang qui coulait de sa blessure, Leon serra les dents pour contenir l’expression de sa douleur.

Ada continua à répondre aux tirs de leur ennemie par dessus-lui. Mais Birkin s’enfuit.

« T’en fais pas pour moi, vas-y, enjoignit Leon à sa compagne. Surtout, ne la laisse pas s’échapper. »

Seule son épaule avait été touchée. Il n’allait pas en faire une tragédie. Il allait survivre.

Il terminait à peine de se formuler cette pensée que la souffrance remonta de son être et ceignit sa conscience ainsi que les tentacules d’un kraken éthéré. La douleur la happa par en dessous et l’entraîna avec lui dans les profondeurs des abîmes cérébrales.

Leon lutta mais en quelques instants…

Le noir.

***

Lorsqu’il reprit conscience, il était seul, l’imperméable d’Ada jeté en travers de son torse. Il regarda son bras blessé et constata que sa plaie avait été pansée.

« Ada… », murmura-t-il, reconnaissant.

Une fois de plus, elle l’avait aidé.

« Ada ? » répéta-t-il plus fort.

Aucune réponse ne lui parvint.

Où était-elle à présent ?

Avant de partir à sa recherche, il commença par vérifier l’état de son bras. Quelques rotations d’épaule lui apprirent que le membre semblait toujours fonctionnel. Sa plaie le tirait au moindre mouvement. Néanmoins il saurait s’en satisfaire, déterminé à retrouver Ada au plus vite.

Il se leva et entreprit de s’enfoncer un peu plus profondément dans les égouts.

Il était prêt à tout pour sauver Raccoon City. Mais il était prêt à encore plus pour aider la femme qui lui avait sauvé la vie plusieurs fois déjà en à peine quelques heures.

***

Les rats portaient la responsabilité de la propagation du virus G en ville.

Enfin, en seconds derrière Annette Birkin et Umbrella.

Il l’avait appris en tombant par hasard sur d’autres salles du laboratoire d’Umbrella dissimulées dans les égouts. Ses fouilles avaient révélé des schémas et des rapports scientifiques que ses piètres connaissances médicales ne lui permettaient pas de déchiffrer. En revanche, le visionnage de la cassette de vidéo surveillance de l’incident de la propagation du virus lui avait été parfaitement limpide. Il haïssait un peu plus l’imprudence, la cupidité et la folie de ses congénères.

Créer sciemment des virus… Et des virus comme celui là encore ! Pourquoi faire, sérieusement ?

Il fallait vraiment être cinglé pour se livrer à ce genre de petit jeu mégalo sans prévoir que quelque chose finirait forcément par mal tourner.

Désormais, Leon se faisait deux images très précises des dirigeants d’Umbrella. Ils lui évoquaient Mickey jouant les apprentis sorciers dans Fantasia, enchantant une armée de balais devenue incontrôlable, ou John Hammond, le milliardaire irresponsable de Jurassic Park.

Hélas, Leon doutait qu’il y ait eu un Maître Sorcier ou un Ian Malcolm pour souligner à ces imbéciles le danger de leur comportement.

Le pouvoir génétique est la force la plus terrible que la planète ait connu, mais vous la maniez comme un enfant qui a trouvé le flingue de son père !

Cette accusation du théoricien du chaos de Jurassic Park s’était gravée dans sa mémoire depuis sa redécouverte de l’œuvre magistrale de Spielberg à l’époque de son adolescence, lorsque sa conscience citoyenne et écologique avait commencé à s’éveiller au monde.

Le message du roman de Crichton était visionnaire et sublimé par une adaptation cinématographique novatrice. À présent que Leon progressait dans une eau immonde, infestée de zombies et de monstres difformes parasités par un virus créé en laboratoire ayant accidentellement échappé au contrôle de ses inventeurs, il trouvait l’un et l’autre encore plus terriblement géniaux.

Ce n’était pas un virus monstrueux hautement contagieux que les scientifiques du parc de Hammond avait créé. Leon redoutait que l’eau infecte dans laquelle il pataugeait ne soit contaminée par les mutants d’Umbrella qui la peuplaient.

J’aurais tellement préféré affronter une horde de raptors…

La crainte d’une contamination le traversa de nouveau lorsqu’il retrouva Ada et qu’il remarqua une tige en métal plongée dans la cuisse de la jeune femme.

« Je ne peux pas l’enlever », avoua Ada.

Assise par terre, elle ne parvenait pas à se remettre debout à cause de la douleur.

Leon tressaillit, hésitant. Il s’étonnait de la voir s’évertuer, elle qui avait affiché une telle assurance froide depuis leur rencontre, à ne pas regarder le bout de métal qui lui trouait la jambe.

« Je ne sais pas si je devrais… », commença-t-il, mais elle le coupa avec le ton agacé d’une personne qui a hâte que son calvaire s’achève.

« Fais-le. Je ne peux pas marcher avec ça.

– Okay. Ça va faire mal. »

Leon inspira profondément afin de s’astreindre au calme. Son geste devrait être précis et vif.

Il empoigna l’objet contendant, ignorant son tranchant grâce à ses gants de protection, et tira d’un coup sec.

Ada accusa un frémissement, mais ce fut la seule manifestation de sa souffrance. Leon jeta la tige de métal plus loin avant de sortir de son uniforme une petite bouteille de désinfectant et du bandage.

« Alors, qu’est-ce qu’on fait maintenant ? demanda-t-il tandis qu’il nettoyait la plaie puis posait un garrot.

– Tu devrais partir pendant que tu le peux encore.

– Je ne vais pas t’abandonner. Pas dans cet état. »

Ada porta son regard sur lui. Leon remarqua que les lunettes de soleil qu’elle ne portait plus dissimulaient des yeux aussi noirs que leurs verres. Il les admira quelques instants, fasciné par l’intensité de leurs ténèbres. Jamais encore il n’avait vu d’iris aussi sombres. Absorbé dans leur contemplation, il ne s’aperçut pas que les battements de son cœur accusaient une légère pointe de vitesse depuis quelques secondes.

« Tu ne comprends pas, Leon. La situation est pire que ce que je pensais.

– On ne se débarrasse pas de moi comme ça, insista-t-il, opiniâtre. Tu m’as sauvé, c’est à mon tour.

– Alors comme ça on compte les points ? »

Leon lui sourit. Il n’aurait su dire pourquoi, mais la confiance que lui témoignait la jeune femme le réchauffait de l’intérieur. Une flamme agréable s’embrasait en lui chaque fois qu’il posait les yeux sur elle, qu’elle lui parlait, lui partageait ce qu’elle savait.

Il l’assista pour se relever mais lorsqu’il lui proposa de s’appuyer contre lui pour l’aider à marcher, elle lui jeta un regard inflexible.

« N’abuse pas non plus. »

Il leva les mains devant lui dans un geste de reddition même s’il n’avait sincèrement pas pensé à mal.

« Okay. Je voulais juste t’aider.

– Tu veux m’aider ? » lança-t-elle en claudiquant plus loin. « Il faut qu’on aille au Nest. Le cœur du labo d’Umbrella. Les échantillons du virus s’y trouvent. Tu es partant ? »

Leon lui lança un sourire trop enjoué pour quelqu’un qui s’apprêtait une fois encore à risquer sa vie. Un sourire qui provenait du doux feu qui brûlait en lui, nourri par la proximité de sa collègue, la profondeur de ses yeux noirs et sa voix caressante.

« Je crois que je peux caser ça dans mon planning. »

Merci pour avoir lu ce chapitre jusqu’au bout ❤

Nous approchons de la fin de l’épisode de Raccoon City. Je peux déjà vous donner un indice sur le premier tueur de Dead by Daylight qui apparaîtra dans cette fanfiction. Il s’agit d’un homme qui apprécie beaucoup l’électricité…

Avez-vous deviné de quel tueur il s’agit ? 😉

@ bientôt quelque part !

Chris

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