La Légende de SeyTan [conte fantasy]

Fiche technique


Titre : La Légende de SeyTan

Genre : conte fantasy

État d’avancement : terminée

Où trouver ce texte ? Ici !

Nombre de mots : 6142

Pitch : Êtes-vous prêt à considérer l’histoire de la Terre… autrement ?

Résumé : Lorsque le loup solitaire Valo croise le chemin du dragon Raaska, il se prend de fascination pour cet être majestueux. Qui est-il et d’où vient-il donc ? Combien reste-t-il de dragons vivants et où se cachent-ils ?

En échange de son aide contre les mercenaires d’un sorcier qui souhaite l’asservir, Raaska propose à Valo de lui enseigner tout ce qu’il sait sur les dragons.

Valo accepte le marché sans imaginer un instant à quel point cette rencontre va bouleverser sa conception du monde…

Histoire du projet


J’avais [16] ans, je caressais le temps et jouais de la vie… (pour celleux qui auront reconnu l’air, et celleux qui ne le connaîtraient pas, tenez, c’est pour vous, c’est cadeau, ne me maudissez pas trop quand vous chantonnerez toute la journée :D).

Plus sérieusement, cette histoire (et l’univers dont elle fait partie) a commencé à me hanter durant l’année de mes 16 ans, et peut-être considérée comme une genèse à au moins 3 titres :

  • Elle raconte elle-même une genèse en revisitant l’histoire de la création de notre univers.

  • Il s’agit de la première histoire que j’ai imaginée et rédigée jusqu’au mot fin. Je la considère comme la première concrétisation de ma vocation d’auteur-e.

  • Elle constitue la préquelle de l’univers qui m’habite depuis plus de 10 ans. Tout ce que j’ai écrit depuis découle de près ou de loin de cette histoire. En effet, tous mes textes (à quelques exceptions près) se passent dans le même univers, mais à des époques et dans des lieux différents, et constituent donc autant de suites indirectes à La Légende de SeyTan.

Quant à savoir d’où m’en est venue l’idée, je dirais que tout a commencé par ma passion exaltée pour les dinosaures.

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Ce bon vieux T-Rex a toujours autant de swag. Crédit : Jurassic Park (movie)

De là, je n’avais plus loin pour m’amouracher aussi des dragons au passage !

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Plus badass, à part Smaug, je ne vois pas. Crédit : Reign of fire (movie)

Bien sûr, nous avons des preuves concrètes de l’existence des premiers par leurs fossiles et les diverses empreintes laissées par leur passage sur Terre, tandis que les seconds ne semblent – hélas – ne relever que des fantasmes humains. Mais dinosaures et dragons ont plus d’un point commun, parmi lesquels des griffes tranchantes, des crocs aussi longs que des poignards et un aspect féroce primitif. À mes yeux, posséder tout ça, c’est détenir un charisme fou !

Les dragons ont en plus l’avantage de voler et de pouvoir cracher différentes matières liées aux quatre éléments, le plus courant étant le feu, ou alors du poison (pour rappel, et contrairement à ce qu’on peut voir dans le film Jurassic Park, aucune preuve certaine n’a été faite à ce jour de l’existence de dinosaures venimeux).

Mais plus que pour les incroyables capacités que les légendes leur prêtent, je trouve les dragons fascinants par ce qu’ils disent des fantasmes et des terreurs de l’humanité. Il est amusant de constater que, selon les cultures, la figure du dragon revête des symboliques différentes et contraires.

En Europe, le dragon, sorte de dinosaure aux ailes de chauve-souris, a été rapidement associé au Démon et aux forces malfaisantes (qui n’a jamais entendu parler de Saint-Georges terrassant le dragon ?), et est associé à l’élément feu qui rappelle les flammes de l’Enfer.

En Asie, en revanche, les dragons, reptiles au corps de serpent doté de pattes mais dépourvu d’ailes, sont des entités bénéfiques associés à l’élément liquide. L’un de leurs plus grands pouvoirs est de conjurer les sécheresses en apportant la pluie nécessaire au renouveau de la végétation et de la terre nourricière.

Quand le dragon européen représente le chaos et la destruction, le dragon asiatique est au contraire perçu comme un être qui préside à l’harmonie et à l’équilibre du monde.

Stanley Morrison Dragon occi vs chinois
Vision occidentale VS vision asiatique, ou SeyTan VS Umi, les deux dragons de la légende. Crédit : Stanley Morrison

A cette intéressante opposition entre les cultures, rajoutez ce qui les relie : que le dragon soit l’incarnation des forces du Bien ou de celles du Mal, et peu importe l’intelligence que lui prête le récit, il est toujours considéré comme une puissance naturelle et parfois créatrice.

C’est de ce terreau très fertile que les personnages de SeyTan et d’Umi ont surgi dans mon esprit. Deux dieux-dragons créateurs (ou devrais-je dire des dragans, car les dragons de mon univers sont de genre neutre) aussi complémentaires et indissociables que le Yin et le Yang, exerçant l’un sur l’autre attirance et répulsion mutuelles.

Cette tension permanente qui règne entre eux régit toutes les lois de l’univers, des mouvements des planètes et des astres, à la symbiose entre les espèces vivantes, ou aux guerres qu’elles se mènent.

Si l’on en juge d’après tout ce que je vous ai exposé plus haut, SeyTan, qui a la forme du dragon européen, serait le méchant de l’histoire. La réalité est loin d’être aussi simple. La vision de SeyTan comme une force maléfique aspirant au Chaos et à la déchéance de l’humanité n’est qu’une représentation déformée qu’en ont les humains, qui sont des créatures d’Umi.

Les siècles passants et les religions humaines évoluant, la figure draconique de SeyTan a peu à peu pris celle du Diable dans leurs mythes et superstitions…

Je n’en dis pas plus, mais La Légende de SeyTan est très étroitement liée à l’histoire de l’humanité. Vous y trouverez parfois des références dans mes autres textes, que ce soit dans les Chroniques de la Maison Lepide ou dans le cycle Corps & Âmes.

Je ne vais pas trop m’avancer, mais au regard du nombre de bêtas-lecteurs me l’ayant demandé, il est probable que je planche aussi sur une suite directe à cette nouvelle 😉

Extraits


***

Les babines rougies par le sang du cerf mort que j’abandonnais, je m’élançai entre les arbres aussi vite que mes pattes de loup pouvaient me porter. La fragrance des épicéas enivrait ma course. Mariée à elle, la dominant presque, une autre odeur vigoureuse, animale, se répandait dans la forêt. Une ombre gigantesque engloutit soudain la clarté de la lune. Je levai la tête pour apercevoir entre les branches le ventre brun du dragon. Ses yeux jetèrent un miroitement incandescent tandis qu’ils plongeaient en contrebas, vers moi. L’incroyable créature m’accompagna quelques instants, puis me dépassa en un battement d’ailes. Son vol puissant causait des remous dans la cime des arbres et je sentis l’appel d’air créé par son passage me battre les flancs. Une boule m’obstruait la gorge et mon corps était perclus de picotements, comme si ma peau subissait l’assaut des mandibules d’une armée de fourmis. Je savais où le dragon allait se poser. Je courais peut-être vers ma mort, mais j’allais le rejoindre.

Je m’arrêtai une dizaine de kilomètres plus loin, aux abords d’un vallon. Tout était calme. La boule dans ma gorge grossit. Dans la nature, il n’existe pas de vrai silence. Le silence est l’apanage des morts. La vie, elle, est agitation, elle est bruit, qu’elle s’exprime par le chœur d’une meute de loups, la stridulation des insectes dans l’herbe ou le crissement des dents d’une souris en train de festoyer. Cette nuit-là pourtant, même les hiboux, si prompts à régaler les bois de leurs vocalises les autres jours, observaient un mutisme parfait.

J’avais beau savoir ce que j’allais trouver, cela ne m’empêcha pas de trembler un peu en passant la tête derrière les buissons dans lesquels je me dissimulais.

Le dragon se tenait au milieu du vallon, couché sur son ventre, les pattes repliées contre son corps tel un énorme chat rubicond aux mâchoires de mort. Même ainsi, il paraissait d’une taille démesurée. Il scrutait l’horizon comme si son regard avait le pouvoir de percer la couche végétale épaisse de plusieurs kilomètres qui le séparait du lieu du combat que nous venions de quitter.

J’hésitai à m’aventurer à découvert. C’était la première fois que je voyais un dragon, mais je savais que je ne devais pas me laisser envoûter par la magnificence de son aspect. La bataille qui venait de l’opposer à des sorciers m’avait démontré la puissance qui l’habitait.

Je pris le temps de l’observer depuis ma cachette, éperdu d’admiration. D’où venait-il ? J’étais certain qu’il n’était pas de ces bois où la meute qui m’avait vu naître vivait depuis plus d’un demi-siècle. Cela faisait au moins autant de temps qu’aucun dragon n’avait été vu dans notre pays. On disait qu’ils s’étaient retirés dans des lieux reculés afin d’échapper à l’extermination à laquelle les humains les vouaient. Qu’on puisse vouloir massacrer une bête aussi splendide me révoltait, même si je comprenais la peur que les monstrueuses mâchoires et les griffes noires luisantes pouvaient inspirer.

Je l’avoue, j’ai pensé rebrousser chemin. J’étais incapable d’expliquer ce qui m’avait conduit devant lui et cela m’effrayait presque autant que son allure féroce. Évidemment, la curiosité que j’avais pour cet être exceptionnel expliquait en partie mon accès de témérité, mais je pressentais qu’autre chose était entré dans ma décision. Là-bas, au cœur de la forêt, il m’avait semblé que le dragon lui-même m’avait invité à le suivre. Nos regards s’étaient croisés alors que le dernier sorcier tombait sous ses crocs. L’image de ce vallon m’était apparue puis j’avais senti une force obscure s’emparer de moi et me guider jusqu’ici.

L’idée que le dragon était peut-être capable de dominer mon esprit me mettait mal à l’aise, mais la curiosité était trop forte. Je savais que je ne verrais plus jamais rien de pareil. Je voulais m’approcher, le connaître.

Je sortis des buissons. L’énorme mufle de la bête se braqua aussitôt vers moi. Sa tête était aussi grosse que mon corps. Ses yeux rougeoyants me fixaient avec une acuité terrifiante. Je restai un instant paralysé, puis fis quelques pas prudents dans sa direction, prêt à détaler à la moindre alerte.

Je ne te ferai pas de mal.

Cette voix, c’était bien celle qui s’était adressée à moi sur le lieu du combat avec les humains. […]

***

Je laissai le chant du dragon m’envoûter :

[…]

Le premier geste de SeyTan fut de dissiper les Ténèbres.

Ael s’empara de la nébuleuse qu’im avait servi de matrice

Et dans son cœur étincelant

envoya ses flammes irradier,

Le soleil était né.

Sa forme ronde im plut tant

Que huit fois, ael s’amusa à la reproduire.

Mercure, Vénus, Terre…

Les planètes prirent forme dans ses pattes habiles […]

Stanley Morrison
Crédit : Stanley Morrison

 

Et vous, vous aimez les dragons ? Quelles sont vos œuvres préférées (films ou bouquins) leur donnant la vedette ?

13 commentaires sur “La Légende de SeyTan [conte fantasy]

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  1. Quel magnifique projet que cette légende de SeyTan ! C’est tres agréable de lire des histoires où deux entités opposées ne sont pas forcément le bien et le mal, un démon et un diable et meme si cela peut y ressembler du premier abord, une fois plongé dans l’histoire on comprend que c’est bien plus profond et philosophique que cela ! Je vote évidemment pour une suite mais en attendant, j’ai hâte de voir le texte publié, sous quelle que forme que ce soit !
    Concernant les histoires de dragons, il faut avouer que contre toute attente, je n’ai jamais été attirée spécialement par ce genre d’histoires et c’est à te lire que j’y ai trouvé un intérêt, comme quoi quand on s’ouvre à des domaines inconnus, on peut avoir de très bonnes surprises 😁

    Aimé par 1 personne

    1. Merci beaucoup chère bêta-lectrice 😉 pour ton inconditionnel soutien et tes retours toujours pertinents et constructifs sur mes tapuscrits ! Je suis heureuxe d’avoir éveillé ton intérêt pour ces créatures fascinantes que sont les dragons. Elles (ou iels 😉 ) hanteront l’imaginaire humain encore longtemps ! (j’y veillerais depuis l’Au-Delà 😀 ).

      Si suite directe il y a, tu seras évidemment parmi les premières personnes au courant !

      Merci pour ton passage sur mon blog et pour ton commentaire ~

      @ bientôt quelque part !

      Chris

      J’aime

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