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Bonjour à tous•tes !
Voilà quelque temps que je partage avec vous des morceaux de l’univers musical de Ricardo Uzzeni, ambassadeur de son clan de vampyres et leader du groupe rock Naamaah, trio star de mes Chroniques de la Maison Lepide dont le roman Les Ombres de Rome constitue le premier tome.
Mais les mœurs sensuelles et sanglantes de son espèce ne constituent pas la seule source d’inspiration de Ricardo, personnalité profondément marquée par la solitude et obsédée par l’idée de sa propre fin… Peut-être parce qu’il a déjà frôlé la mort plus d’une fois et que les fonctions qu’il occupe pour son clan le jettent dans des situations dangereuses à longueur de nuit.
Aujourd’hui, je vous propose de découvrir la face angoissée du personnage à travers le texte de l’un de ses morceaux inédits jamais chanté sur scène.
Bonne lecture ! (et si vous connaissez un•e musicien•ne à qui cela plairait de composer les mélodies sur les textes de Naamaah, faites-moi signe).
Prisonnier dans ma chair
Prisonnier dans ma chair
J’ai peur
Des voix dans ma tête ;
Quérimonies des damnés
Me convoquant au supplice ;
Ou chants de sirènes m’appelant
À travers les funestes horizons du malheur.
C’est sensible, la chair
Et friable, et fragile.
N’importe quoi d’un peu tranchant
Et la voilà coupée.
Être une âme nomade
Sans corps à porter
Ni poids ni organes
C’est bien plus facile.
Ça ne se blesse pas, une âme
ça ne se coupe pas,
ça ne se tord pas la cheville
ça ne s’assassine pas.
Alors que la chair,
Pauvre chose tendre et servile,
Cède à toutes les pressions
Qu’une lame effilée sur elle fait peser
En versant ses sanglots rouges.
Esclave des sens et des emballements du cerveau,
Tremblante sous la menace de la guêpe,
Du moustique, du couteau
Pauvre chair éminemment mortelle
Mutable et soumise,
Même les plus belles se flétrissent devant l’Éternel,
Car il est écrit que viande, incarnation de vie,
En faisandant dans son dernier lit,
Devient banquet pour la mort et ses légions de vermines.
Prisonnier dans ma chair, j’ai peur.
Pourvu que le jour où je servirai de dîner
À une horde de gluants convives
N’arrive pas trop tôt.
Ricardo Uzzeni, texte inédit, 1996

©Chris Bellabas, juin 2018
Pour découvrir d’autres morceaux du répertoire de Naamaah, visitez les liens suivants :
- Chat Noir, extrait de l’album House of Nightmares, 1998
- Le Vampire, extrait de l’album Power of the Blood, 2008
- La Légende du Début des Temps, extrait de l’album Entropia, 2010
- La Colline des Pendus, extrait de l’album Entropia, 2010
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Chris
RICARDO UZZENI : Chère Cléa,
Tout d’abord, un sincère merci pour ton écoute. Je comprends l’objection que tu exprimes. Bien sûr qu’une âme peut-être blessée, puisque nombre de personnes vivent en parfaite santé, mais le coeur lourd comme la pierre, boursouflé de vieilles cicatrices (certaines saignant encore) et rongé par les monstres surgis d’un passé qu’elles n’arrivent pas à oublier.
Mais est-ce vraiment l’âme qui est blessée ? N’est-ce pas plutôt ce que les Hommes appellent « esprit » ou « mental » ? Cette chose qui nous fait croire que nous sommes un être à part, séparé du grand Tout et des autres, alors qu’en fait, nous apparterons à la Matrice, nous ne faisons qu’Un avec l’Univers tout entier, baignant dans son énergie dont nos corps de chair et de sang ne sont que des émanations.
Pour moi, l’âme est éternelle, immuable et indestructible.
On peut blesser un corps, on peut blesser un esprit – esprit qui a une certaine vision de lui-même et des autres, vision qu’il prend pour la réalité alors que ce n’est que projection –, mais l’âme constitue un noyau inaltérable. Qu’importe qui nous sommes (ou qui nous avons été ? Qui nous serons ?), elle continuera d’exister et de vibrer au rythme serein de l’Univers pour qui tout est toujours pour le mieux.
Au plaisir de te croiser ici ou ailleurs, peut-être un jour dans l’éther.
« Your’s souls unbreakable. » ( => https://www.youtube.com/watch?v=D_5V8We3hgg <= )
Ricardo
CHRIS BELLABAS : Désolé, Ricardo aime les spéculations intellectuelles et il est plutôt bavard 😉 Merci pour ta lecture et ton retour !
C’est vrai, parfois il y a des blessures qui semblent nous transpercer jusqu’à l’âme… Mais les emportons-nous vraiment avec nous au moment d’abandonner notre enveloppe charnelle ? L’être un peu fantasque, un peu mystique que je suis, aurait tendance à dire que non. Que l’âme libérée du corps retrouve son état originel de pure lumière que rien ne peut atteindre. Jusqu’à sa prochaine réincarnation durant laquelle elle peut voir ressurgir de vieux démons et de vieux problèmes non réglés de ses anciennes vies…
Quant au cartésien qui subsiste malgré tout un peu quelque part en moi (tout au fond), il dirait la même chose, mais pas pour la même raison – si nous sommes morts, alors plus aucune blessure ne compte, puisque la mort n’est qu’inconscience éternelle.
Quelle réflexion passionnante ! J’adore viscéralement la vie, mais rien que pour avoir une réponse à tout ça, j’accueillerai la mort en amie le moment venu. (J’ai coutume de me présenter comme appartenant à Poufsouffle lors de réunions de Potterheads, mais je me demande si je ne serais pas aussi un peu Serdaigle quelque part…)
@ bientôt quelque part,
Chris
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« Ça ne se blesse pas, une âme », je ne suis pas d’accord avec Ricardo 😉
Pas de blessure physique, certes, mais combien de cicatrices de notre esprit nous accompagnent au quotidien ?
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